Pas d’évaluation fine du plan climat

Au bout de 3 ans, le plan Climat doit être évalué. Malheureusement, les données sur la qualité de l’air ne sont pas disponible. Malheureusement, la MEL n’a pas utilisé les indicateurs de réalisation des actions prévus. On devra se contenter de chiffres globaux de réalisation, mais on ne saura pas, finement, où en sont les actions prévues, ni même si elles sont lancées. Pas on plus d enouveau souffle ou de nouveau projet dans la réorientation des actions. Et surtout : aucun débat. Pour ce qui est, pour le groupe écolo, l’un des plans les plus important du mandat, c’est regrettable. C’est ce qu’a exprimé Nathalie Sédou dans son intervention en Conseil métropolitain.

Chers collègues,

Ce soir, il s’agit de voir où nous en sommes des ambitions affichées du PCAET adopté il y a 3 ans. Il parait que tout va bien. Vraiment ? C’est la question que nous vous posons ce soir.

Certes, il y a beaucoup de vert dans les camemberts. Mais dans les taux d’avancement affichés, figurent en réalité des actions dites « en cours » non chiffrées, et nombre d’intentions, de schémas. Oui les actions de planification sont nécessaires, mais leurs résultats ne seront quantifiables qu’à moyenne échéance, voir après 2030. Nous attendions une analyse plus détaillée, d’autant que le programme d’actions voté il y a 3 ans proposait des indicateurs précis de performance, qui auraient dû être renseignés de façon méthodique. Malgré certaines qualités et avancées, cette évaluation prend des allures d’autopromotion, c’est dommage.

De quoi parlons-nous ce soir ? D’un programme d’actions qui détermine le futur, le quotidien, la santé, le montant des factures d’énergie. Nous parlons de notre volonté d’éviter les maladies et 1700 décès prématurés induits par l’air dégradé.

Il y aurait beaucoup à dire, je me concentrais sur le secteur de la mobilité et des bâtiments qui sont déterminants dans l’atteinte des objectifs, puisque ce sont les plus émetteurs de notre territoire en gaz à effet de serre, respectivement 40 et 18 %.

Quelles sont les trois mesures présentées comme structurantes pour le secteur des transports ?

1/ l’expérimentation Ecobonus : Structurant pour la communication de la MEL oui, pour le report modal de la voiture vers les transports en commun, on en doute. Nous le savons tous ici, la vraie mesure structurant pour le report de la voiture vers les TC, c’est le SDIT, mais ses résultats seront effectifs après 2030.

2/ la stratégie d’électromobilité : si elle se déploie comme prévu, elle permettrait de réduire de 1,5% les émissions de gaz à effet de serre du secteur à horizon 2026, c’est mieux. Cela incite tout de même à la modestie. Et l’électromobilité ne résout pas la question de la pollution de l’air : plus de la moitié des particules émises par les transports routiers en France proviennent de l’abrasion des freins, des pneumatiques et des chaussées. Sur les véhicules, on attend des mesures volontaristes de la MEL, comme à Paris et à Lyon sur les SUV et véhicules lourds qui consomment davantage. Ce serait une mesure à double bénéfice : environnemental et de justice sociale.

3/ Le plan vélo : on l’a déjà dit il nous paraît aussi indispensable qu’insuffisant, le renforcement reste à la marge. La métropole de Lyon, à périmètre assez équivalent, y consacre un budget cinq fois supérieur. La part modale de 8% pour le vélo en 2030 visée dans le Plan de mobilité reste inférieure à celle du PDU précédent, à savoir 10% en 2020. La preuve que les schémas ne garantissent pas les résultats. On est loin d’un renversement, quand on pense que la ville de Gand a déjà su faire passer sa part modale du vélo de 20% à 35% entre 2012 et 2018.

Même constat de décalage entre les besoins et les réalisations en matière de rénovation énergétique des logements privés, estimés à 1801 en 2022, soit bien en-deçà des objectifs fixés de 5200 rénovations annuellement. Quand bien même les ménages se presseraient davantage, on ne voit pas comment la filière professionnelle pourrait suivre. Il est heureux toutefois que la MEL privilégie les ménages modestes dans l’accompagnement et les aides aux travaux, et qu’elle appuie des actions pour développer les métiers.

Mais ne l’oublions pas, l’efficacité énergétique des bâtiments concerne aussi le secteur tertiaire. Un manque manifeste sur l’accompagnement des petites structure est pointé page 37 du bilan GES actualisé par I Care. C’est désolant car la convention qui vous lie à la Région pour le programme SARE depuis 2020 vous permettait d’intégrer le conseil et l’accompagnement du petit tertiaire. La réorientation proposée est bien en deçà et ne répond pas aux besoins de milliers de petites structures de la métropole qui occupent ou possèdent des bureaux, des locaux divers, des commerces indépendants. Ce sont autant d’entreprises de moins de 10 salariés qui ne sont pas concernées par le décret tertiaire, et qui ne sont pas éligibles à l’aide bâtiment durable de la MEL. Mais elles subissent de plein fouet le doublement de leurs factures d’énergie, sans savoir vers qui se tourner pour trouver du conseil sur la maîtrise de l’énergie et des aides aux travaux.

A l’opposé, qu’en est-il des entreprises les plus consommatrices en ressources et d’énergie, responsables d’émissions de GES et de polluants ? Après 3 ans, aucun contrat d’objectifs et de moyens n’a été signé. C’était pourtant un geste fort affirmé dans le PCAET.

Pourtant quand la MEL veut, elle le peut. Nous en avons la preuve avec le déploiement des contrats et des réseaux de chaleur initié au mandat précédent, structurant dans le PCAET, renforcé et qui le reste assurément. Ceci étant, les retards observés en matière de mobilité, de déchets, de rénovation énergétique ne nous incite pas à l’optimisme.

Et pour cause, prenons une année de référence cruciale pour la neutralité carbone en 2050… 2040. Mardi dernier, la commission européenne a annoncé son cap pour 2040. Avez-vous eu vent de l’objectif visé, chers collègues ? Diminuer d’au moins 90% – oui 90% – les émissions de GES par rapport à 1990. Pour mémoire, notre PCAET vise une baisse de 45% en 2030 par rapport à 1990. 90 % d’ici 15 ans. Retournez-vous et pensez aux 15 années qui viennent de passer. Cela vous donne un ordre de grandeur : le bilan ne peut être à l’autosatisfaction.

Vous connaissez notre vigilance permanente sur les enjeux climatiques et énergétiques, sur leurs conséquences sociales qui peuvent se révéler dramatiques. C’est une des raisons premières de notre présence ici. I Care c’est le nom du fameux cabinet conseil qui vous a accompagné pour cette évaluation. En français ça se lit Icare. Sa destinée vous vient vite à l’esprit, il a chuté à trop se laisser griser.

Ici, difficile de se laisser griser. De fait, au regard de réorientations limitées ou parfois discutables, de nos expressions en conseil sur certaines actions contenues dans ce programme, nous nous abstiendrons sur cette délibération trop incomplète.

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